Réalisation : Tim Burton.
Scénario : John Logan.
Production : Laurie MacDonald, Richard D. Zanuck, John Logan et Walter Parkes.
Musique : Stephen Sondheim.
Société de production : Dreamworks Pictures, Warner Bros., Parkes/MacDonald Image Nation, The Zanuck Company, Dombey Street Productions et Tim Burton Productions.
Distributeur : Warner Bros..
Date de sortie USA : 21 décembre 2007.
Date de sortie française : 23 janvier 2008.
Titre original : Sweeney Todd : The Demon Barber of Fleet Street.
Durée : 1h56.
Budget : 50 millions de dollars.
Box-office mondial : 153,4 millions de dollars.
Box-office USA : 52,9 millions de dollars.
Entrées françaises : 1 047 271 entrées.
Résumé.
Après quinze ans emprisonnés, Benjamin Barker est devenu Sweeney Todd. Voulant se venger du juge, il égorge différentes victimes jusqu’à l’atteindre. Il est aidé de sa voisine qui transforme les cadavres en tourte à la viande.
Casting.
Benjamin Barker / Sweeney Todd : Johnny Depp (VF : Bruno Choël).
Mrs. Lovett : Helena Bonham Carter (VF : Laurence Bréheret).
Juge Turpin : Alan Rickman (VF : Claude Giraud).
Toby : Edward Sanders (VF : Lewis Weill).
Anthony : Jamie Campbell Bower (VF : Emmanuel Garijo).
Bailli Bamford : Timothy Spall (VF : Michel Papineschi).
Johanna : Jayne Wisener (VF : Corinne Martin).
Lucy Barker : Laura Michelle Kelly (VF : Céline Mauge).
Signor Adolfo Pirelli : Sacha Baron Cohen (VF : Adrien Antoine).
Affiches.
Images.
Le saviez-vous ? Anecdotes et coulisses.
Sweeney Todd : le diabolique barbier de Fleet Street est l’adaptation de la comédie musicale du même nom de Stephen Sondheim et Hugh Wheeler jouée en 1979. L’histoire est tirée d’une légende anglaise présente dans The String of Pearls: A Romance de James Malcolm Rymer et Thomas Peckett Prest publié en 1846. Cette même légende qui provient d’un fais divers français, intitulé « La rue des Marmousets » où au XVe sicèle à Paris, un barbier tuait ses clients et son voisin les transformait en tourte.
Sam Mendes a durant un temps travaillé sur ce projet avant que Tim Burton ne prenne la relève.
Anne Hathaway, Kate Winslet et Nicole Kidman ont été envisagées pour le rôle de Johanna ; Imelda Staunton pour celui de Mrs Lovett.
Johnny Depp et Helena Bonham Carter ont appris à chanter pour les besoins du tournage.
L’ouverture des rasoirs, normalement manuelle, ont été ici trafiquée avec un bouton secret pour une ouverture automatique.
Le tournage s’est déroulé du 5 février au 11 mai 2007 en Angleterre.
Notre critique de Sweeney Todd : le diabolique barbier de Fleet Street.
Une comédie musicale très sombre et sanglante, voilà ce qui nous attend.
Si vous n’aimez pas les ambiances lugubres et morbides, passez votre chemin car vous aurez vraiment du mal à y trouver du plaisir. Pour les autres, vous serez probablement conquis. Le scénario est extrêmement prenant malgré sa simplicité apparente. En effet, ce n’est qu’une histoire de vengeance d’un homme qui veut en tuer un autre. Pourtant, cela va bien au-delà de ce constat de premier abord. On va déjà y voir une misère sociale de cette époque londonienne et ça donne une forme de lutte des classes entre les pauvres qui ont à peine de quoi manger tandis que les riches ont l’opulence et tous les droits aux mépris du peuple. Bien que ce soit abordé en filigrane, c’est plutôt bien présent.
Il y a ensuite la quête de vengeance. Élément central de l’intrigue, cela vire à une obsession malsaine qui ne va plus se limiter qu’à une seule personne mais à tous ceux que Sweeney peut mettre sous sa lame. Il se corrompt lui-même et ne voit même plus ce qu’il a sous les yeux. Sa soif de meurtre l’aveugle sur la réalité des choses et il en fait des erreurs stratégiques. Il faut dire qu’il est clairement manipulé par Mrs Lovett qui voit en lui, en plus d’un grand amour, un moyen de redonner de la gloire à sa boutique de tourtes. C’est là qu’on tombe dans le glauque avec des tourtes à base de chair humaine. C’est du cannibalisme déguisé qui va ravir tout le monde vu que personne n’est au courant de ce que c’est tant la misère ambiante pousse à survivre.
L’histoire se veut ainsi excellente tant l’écriture est parfaite. C’est en fait une manipulation d’un peu tout le monde sur tout le monde, jouant des faux semblants pour arriver à ses fins. Tout est conçu façon château de cartes instables tant il y a une grande fragilité dans l’édifice. Le meurtre devient l’ultime recours pour cacher les méfaits mais tout ne part qu’en surenchère à cause de l’effet papillon. La conclusion se veut aussi terriblement dérangeante mais c’est aussi la force du métrage qui ose l’originalité mais ça reflète bien l’ensemble de l’oeuvre.
Casting cinq étoiles et ça se ressent grandement par la prestation qui donne encore plus de convictions aux personnages. Johnny Depp est magistral en Sweeney Todd. Ce dernier est aveuglé par sa vengeance, par sa quête de meurtre qu’il s’auto-détruit de l’intérieur. Il se veut sans pitié, égorgeant sans regret sans trop se poser de questions. Le plus intéressant est qu’on s’attache clairement à lui malgré ses actes barbares. En effet, on compatit à sa peine et on est près à l’encourager dans ses tueries. Ce qui nous place dans une étrange situation qui contribue au malaise général. Il est aidé par Mrs Lovett, qu’Helene Bonham Carter sublime tant le rôle lui va bien. Derrière sa jovialité et son côté pince sans rire, elle est follement amoureuse de Sweeney et en réalité, elle cherche plutôt à l’éloigner de quelque chose. Elle le veut pour elle et elle va abuser de lui avec les corps qu’il fournit. C’est une manipulatrice de grande qualité qui agit par égoïsme malgré les risques.
Nous avons bien sûr le juge Turpin, incarné par un Alan Rickman toujours au sommet de son art. Il use de sa fonction pour obtenir ce qu’il veut tout en enfreignant lui-même la loi. Il détient la fille de Sweeney et il n’est pas plus horrible que Todd, chacun étant méchant à sa façon. Les scènes où ils sont ensemble sont grandes sources de tensions et c’est grisant. Son soutien est le bailli Bamford qui est plus un fayot qui profite de la situation du juge pour améliorer la sienne. On continue avec les deux tourtereaux qui sont à l’exact opposé des personnages précédents. Anthony est un matelot très enfant qui a le coup de foudre pour Johanna, une jeune demoiselle élevée par Turpin dans le luxe et la délicatesse mais qui se sent prisonnière. Enfin, Toby est un petit garçon des rues qui va aider Mrs Lovett sans savoir réellement ce qui se trame mais qui va s’assombrir progressivement. Quant à la « folle des rues », elle est la seule qui semble voir ce qui arrive aux habitants mais personne ne la prend au sérieux.
Ambiance gothique, teinte monochromatique, un Londres victorien en perdition, tout est là pour rassembler Tim Burton et il faut le reconnaître, c’est beau ! La noirceur qu’il dégage dans ce métrage est une des grosses qualités tant l’image sert l’histoire et inversement. On notera le détail « amusant » que la seule vraie couleur du film est le rouge du sang qui va gicler à de nombreuses reprises. C’est même totalement surréaliste tant les geysers que cela donne mais ça permet de rendre les morts bien plus graphiques et violentes. On apprécie plusieurs scènes qui sont magnifiques à voir où l’image est très travaillée, digne de tableaux.
C’est aussi une comédie musicale et c’est ce qui va peut-être diviser une partie du public qui n’est pas à l’aise avec ce genre. Les chansons sont pourtant à l’image de l’histoire : pesantes, oppressantes… Les musiques sont lourdes, avec des sons graves mais pourtant il y a un entraînement à certaines chansons qui se veulent presque plus « enthousiastes » car elles dépeignent les pensées des personnages. On pourrait juste regretter un déséquilibre des chansons tant la première partie du film en abuse avant de les espacer par la suite.
Sweeney Todd : le diabolique barbier de Fleet Street est un pur chef d’œuvre de Tim Burton mais qui est aussi une comédie musicale qui mérite d’être vue par sa noirceur rarement abordée.